Le théâtre au lycée

 

bulletLe mot de Scarlett JESUS, IA-IPR de Lettres

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le mot de Scarlett JESUS, IA-IPR de Lettres

Un (vrai) baccalauréat « théâtre »
au Lycée Poirier de Gissac, à Sainte-Anne
. 

Quel ancrage en GUADELOUPE pour le Théâtre ?

S’il n’existe pas –pas encore- en Guadeloupe, de troupe professionnelle de Théâtre, le Théâtre est néanmoins une réalité bien vivante dans les communes et dans les établissements scolaires. Dans une société dont la culture est marquée par l’oralité (et le goût de la mise en scène), le Conteur, l’Amuseur public, le Récitant, le Poète ou, pour tout dire le « Maître de paroles » sont des personnages, souvent pittoresques, qui occupent « le devant de la scène ».

Il existe aussi de vrais comédiens. De valeur. Et des auteurs prêts à écrire, à leur intention, des pièces contemporaines dignes de leur talent. Il revient aux structures culturelles, mais aussi à l’Ecole, de former le public averti de demain, capable, en raison de sa culture et de sa clairvoyance, d’apprécier l’originalité et la qualité artistique d’un Théâtre restant à inventer. Il incombe également à l’Ecole d’orienter ces mêmes jeunes vers des activités professionnelles en relation, directe ou indirecte, avec les Arts.            

Pourquoi FAIRE du Théâtre au Lycée ?

Toutes les enquêtes effectuées auprès des lycées en ont fait la démonstration. Faire du Théâtre est une demande forte des jeunes. Une pratique théâtrale permet à la sensibilité, aux émotions de s’exprimer, parallèlement à la réflexion intellectuelle. Aux côtés d’une « tête » -qu’elle soit bien pleine ou bien faite-, une activité théâtrale permet au « corps » d’exister et à l’individu de s’affirmer comme un « Etre au monde ». Cette pratique remplit bien d’autres fonctions, dont celle « d’éduquer » le jeune à vivre, non pas « à côté de », mais « avec » les autres, ensemble.

N’oublions pas, non plus le contact avec les textes classiques (SOPHOCLE, MOLIERE, RACINE ou  SHAKESPEARE) ou contemporains (KOLTES et VINAVER). Faire du Théâtre, c’est lire (et parfois retrouver le goût de la lecture), c’est aussi apprendre à s’extérioriser et à s’exprimer. Cela conduit obligatoirement, certes, à exercer sa mémoire, mais aussi à développer d’autres compétences, telles que la réflexion, l’analyse, l’invention, la prise de risque. 

 FAIRE et APPRENDRE en option facultative :

Il était possible en Guadeloupe, pour les élèves qui le souhaitaient, de choisir, parmi les différentes options facultatives offertes, celle dite « Théâtre et art dramatique ». A Gerville Réache d’abord, puis plus récemment, à Sainte Anne, avec l’ouverture du Lycée Poirier de Gissac. Il s’agit d’un véritable « enseignement », avec un Programme qui se doit d’être mis en œuvre dans les 3 h hebdomadaires qui lui sont consacrées. Lors de l’épreuve pratique du baccalauréat, les points au-dessus de la moyenne s’ajoutent à ceux obtenus dans les autres épreuves obligatoires, avec un coefficient 2.  

Qu’est-ce qu’une option « de spécialité » ?

La Guadeloupe vient de créer cette spécialité Théâtre, en série L, depuis la rentrée 2002, au Lycée Poirier de Gissac, à Sainte-Anne. Un bac « théâtre », comme il existe un bac « arts plastiques », « musique » et, dans d’autres académies, un bac « cinéma » et même « danse ».

Tout le monde s’y est mis : la DRAC (Direction Régionales des Affaires Culturelles), le Rectorat (Délégation Académique à l’Education Artistique et à l’Action Culturelle - DAAC), la Région, la Scène nationale. Des contacts avec d’autres partenaires (le Centre des Arts) sont en cours.

Cette section est donc ouverte à tous les élèves, quel que soit leur commune ou leur collège d’origine. Aucune condition particulière n’est exigée. 8 élèves  sont inscrits cette année en Première et présenteront le baccalauréat en juin 2004. Ils bénéficient, à côté des disciplines traditionnelles, d’un horaire de 6 h hebdomadaires consacrées à cet enseignement. Outre l’obligation d’assister à  6 spectacles par an, le travail de l’année doit s’effectuer à partir d’œuvres imposées et, pour un quart seulement, sur un programme « libre ». L’épreuve du Baccalauréat, coefficient 6, comporte une épreuve écrite et un travail de plateau. 

Rassurons immédiatement les parents : le « bac Théâtre » est un vrai bac. C’est d’abord un bac Littéraire, qui ouvre les portes des Facultés de Lettres et Sciences Humaines, de  Droit et d’un certain nombre de grandes Ecoles.

Nous ne sommes plus à l’époque où l’on excommuniait les « théâtreux », leur refusant un enterrement religieux. Ni à celle, non plus, où les collèges protestants ou  jésuites détenaient le monopole d’une pratique scolaire du théâtre, au service d’un enseignement moral. Aujourd’hui, l’option théâtre trouve place au sein des classes préparatoires de Lettres. 

L’activité théâtrale est une activité préparant à la vie citoyenne. Elle permet, comme l’affirmait DIDEROT dans son Paradoxe du comédien, de maîtriser ses émotions et de lever les masques sociaux. RIDEAU.

Scarlett JESUS, IA-IPR de Lettres
Chargée du suivi des pratiques et enseignements de Théâtre et Cinéma-audio-visuel en Guadeloupe et Martinique